Bon alors cet essai, 14h00 ce mercredi, je ressors fébrilement mon équipement (gants, casque, blouson).
A peine enfilé, je vois les mites qui se sauvent en rang par 2, eh non
les filles, vous vous êtes trompé d'endroit, celui-là, il va pas moisir
dans l'armoire comme mon costume de mariage !
Tant d'attente, 30 juillet-13 octobre, pour ce moment de bonheur.
Mon papier rose luit dans son étui tout neuf sous ce beau soleil
d'automne, tout excité d'être déniaisé et pas par n'importe qui, une
belle Yamaha Cloudy White.
Elle ne sera pas ABS mais tant pis, en ce beau jour de fête, je ne vais
pas gâcher les agapes pour la couleur de sa culotte.
Le concessionnaire arbore un large sourire en me voyant pénétrer en sa
concession, il a tort, il devra en faire (des concessions dès qu'on va
parler pognon ! Ce n'est pas un très joli mot mais il rime, s'il ne me
fait pas un bon prix, je parlerais d'artiche, ça rimera avec "je vais
lui faire manger ses ratiches").
Bon, comme dirait feu mon maître, Frédéric Dard, je m'égare (Saint Lazare).
Donc , disais je, il affiche un beau sourire de maquignon certain
d'avoir conclu son affaire dès que je poserai mon fessier sur son beau
destrier.
Et il me l'amène ma belle, pleine de promesses dans sa robe blanche
(qui n'est pas encore de mariage mais les fiançailles sont
prometteuses).
"Voulez-vous que je vous prépare également la Fazer ?". Que nenni, mon bon, une tienne vaut mieux que deux tu l'auras ?
Malgré cela, il la sort tout de même. Mais il n'écoute donc rien, l'animal, pense t'il que je vais lui prendre les deux ?
Je lui trace tout de suite le profil de la journée, pas moins de deux
heures pour un essai sérieux (ville, rocade, campagne) et la même chose
avec ma passagère pour tester le duo, nanmého,
c'est pas lui qui va dicter sa loi. Comme il me croit ferré (comme
Léo), il me dit OK, il faut toujours attendrir sa proie.
La XJ6 est là pleine de promesses non exaucées, mon fantasme sur roues,
je tourne autour comme un grand blanc dans un Aqualand bourré de
baigneurs.
Un avant imposant, un beau petit cul tout fin, ça donne envie, euh pardon !
Malgré mes bras puissants , je ne dispose que d'un séant, je pars donc avec ma promise laissant sa grande soeur à quai.
De suite, je ressens un vif plaisir, j'ai définitivement quitté le monde des mobylettes.
Le moindre mouvement sur l'accélérateur se traduit par un bond de grande ampleur mais tout en douceur, la puissance tranquille.
Cette moto est civilisée, elle confirme tout ce que j'avais pu lire à
son sujet, parfaitement adaptée aux débutants, de la pêche mais sans
les noyaux.
Il est vrai que je manque de point de comparaison, c'est la première
que je conduis (que je pilote serait une grande preuve de fatuité). Les
plus expérimentés pourront la trouver limitée mais pour moi, elle
dépasse déjà les limites de mes capacités.
Je commence par la ville, de toutes façons, je n'ai pas le choix. En
2052, pour mon prochain essai, je me téléporterai directement à la
campagne.
Pour reprendre la formule consacrée, un vrai vélo, ceux que je préfère,
des cale-pieds à la place des pédales, je m'amuse à rester en équilibre
derrière les voitures qui bouchonnent et j'y arrive, elle parait très
légère.
Dès que je dispose de 50 mètres de champ, je pousse 1ère, 2ème me
délectant de l'accélération qui s'en suit, prompte et vive, on sent
qu'il y a du monde à l'écurie et que tous les chevaux ne sont pas
sortis. Pas besoin de palefrenier, je vais m'en occuper.
Elle reste maniable et me permet de remonter en douceur les files de
voitures arrêtées au feu rouge et de fait, elle est moins large que mon
Satelis.
Je m'amuse à passer dans les ruelles défoncées, les plus bosselées et
Dieu sait qu'on n'en manque pas dans la ville. Mon Satelis ne les
aimait pas et me faisait partager sa rancoeur. Et là, rien ou si peu,
je ne dirais pas que je ne ressens rien, mes pieds enregistrent
l'information déjà atténuée mais rien ne remonte dans mon fondement.
Quelles suspensions !
Pendant un court instant, je ne pense plus aux piétons, aux priorités,
je lévite, ça y est, je suis sur une vraie moto, 27 ans de renoncement
qui s'évanouissent en un instant, quel con ! Pourquoi n'ai je pas passé
ce fichu permis plus tôt ? Dire que je le trouvais trop dur en 1981,
maintenant il est bien pire.
Tellement de temps à rattraper, je m'y attelle immédiatement, direction
la rocade, le seul endroit où on peut encore accélérer sans crainte de
se faire racketter que ce soit par la police ou par les sociétés
d'autoroute.
A ce moment, je ne sais pas lequel de nous deux va craquer en premier,
je ne suis pas un fondu de vitesse mais quand même, il faut que j'en ai
le coeur net.
Woufff !!!!!!!!!!!! Ca pousse, 110, 120, 130, 140, je ne suis pas au
bout de la poignée, 150, stop, je stabilise, elle m'a eu, je cède le
premier mais quel plaisir !
Heureusement que c'est la période creuse de l'après midi, aux heures de pointe, je ne pourrais pas me permettre ces fantaisies.
Une tenue de route exceptionnelle, pas la moindre amorce de glissement,
peu de prise au vent, une sensation de puissance qui ne se manifeste
pas par des vibrations (merci le 4 cylindres).
La cerise sur le gâteau, aucune modification de cap lorsqu'on croise ou
qu'on dépasse un camion, ni en arrivant à l'abri derrière lui, ni en
sortie de dépassement.
Sortie de rocade, je me dirige vers les petites départementales, elle
doit bien avoir un défaut et je vais le trouver, je ne suis pas Captain
de police mais tout le monde cache quelque chose, elle va cracher le
morceau même si je dois lui braquer son propre phare dans les yeux.
J'enchaine les grandes courbes et, à ma grande surprise, j'y prends
beaucoup de plaisir et je penche de plus en plus, mon appréhension
s'envole, il y a vraiment deux mondes différents, avec le scooter, je
n'osais pas grand chose, ce n'était certainement pas dû aux capacités
du véhicule car certains parmi vous doivent attaquer grave avec leurs
scoots mais plutôt à une répartition des masses qui me convient mieux.
Sachant que là, je peux porter la plus grande masse, c'est à dire moi, vers l'avant, ça change tout !
Le bruit est cool, enfin je ne devrais pas dire le bruit car cette moto
est relativement discrète en ville ou sur route mais on perçoit tout de
même un vrombissement net et plaisant à chaque accélération, la patate
sans le bruit des fayots.
Quant à la boîte, on entend bien un claquement à chaque passage de
vitesse, pourtant tout se fait en douceur et aucune réaction brutale ne
se fait jour.
De retour en ville, je dois dire que la moto est très souple.
Lors des leçons de conduite, on me disait sans cesse de compter mes
rapports pour savoir où j'en étais, ridicule ! Don Juan comptait il ses
prestations et pourtant il est renommé pour être efficient.
Et puis que diantre, je ne suis plus comptable, donc je ne compte rien
et je ne sais jamais vraiment où j'en suis, je cherche toujours à
passer la 7ème, quant vont ils se décider à l'implanter ?
Idem à la descente, je me retrouve souvent arrêté au feu en 3ème, du coup, je rétrograde à l'arrêt.
Tout ça pour dire qu'à l'accélération, cette petite XJ6 a de bonnes
reprises nettes et franches quelque soit le rapport engagé. Seul un
vrai boulet comme moi peut faire ce genre de test, à 30 km/h en 6ème,
c'est bon, à 140 en 6ème, c'est bon ! Jamais de hoquet, heureusement
elle est trop lourde pour que je lui fasse faire son rot sur mon
épaule.
Bon pour le repos, une petite séance photos souvenirs dans un coin
verdoyant. La belle se prête au jeu en faisant luire ses plus beaux
atours, mise en confiance, elle me dévoile chacun de ses avantages.
Retour à la maison, je viens prendre ma douce moitié pour tester le duo.
Dès le début, je sens que ça va bien se passer, je ne sens même pas son
poids, on a beau refaire sensiblement le même parcours, rien n'a changé.
Comme je sais qu'elle adore les accélérations, je lui en mets deux
bonnes grandes louches, je la sens se pâmer à l'arrière, j'ai beau
pencher dans les virages, elle ne dit jamais stop, là je parle de ma
femme, plus de la moto.
La présence du passager ne change tellement rien à ma conduite que je
finis par me retourner pour voir si elle est toujours là. Mais oui, et
avec la banane en plus. Je lui donne 1 heure de plaisir, c'est dur de
contenter tout le monde, moi, la moto, ma femme mais il semble que j'ai
trouvé la bonne alchimie pour faire un truc à 3, sympa !
L'heure tourne et il va bientôt falloir la ramener à la concession,
c'est dur la garde alternée. Que faire pour la garder ? Partir à
l'étranger ? Elle a beau être fine, elle ne rentrera jamais dans mon
coffre en Suisse, là je reparle de la moto, pas de ma femme.
Beau joueur, je la ramène au concessionnaire et je lui fais part de ma
satisfaction, pas trop quand même, les négociations peuvent suivre et
faut pas qu'il se sente arrivé, le petit gars. Bof, ouais, elle est pas
mal.
Il me repropose la Fazer, pas têtu déjà, il faut que je lui montre qui
mène la danse. Non ce sera pour demain, il est déjà 16h30, le soleil ne
va pas tarder à se coucher, rendez vous demain à la même heure.
Nous allons rendre visite à la FZ6 Fazer S2 qui nous attend et je la
prends entre 4 yeux. Toi, ma petite, d'homme à machine, je peux te dire
que t'as intérêt à assurer demain, ta cousine a placé la barre très
haute.
Les choses étant claires, elle rentre dans son paddock et moi à la
maison pour vous conter cet essai qui ne serait pas complet si je ne
vous donnais les appréciations de ma passagère :
Les + : ce que je vous ai signalé mais également la faible prise au
vent à son niveau, faut dire que j'ai le dos large et l'absence
d'appréhension, elle s'est vraiment bien sentie tout au long de l'essai.
Les - : Les cale-pieds sont trop hauts, la selle n'est confortable
qu'un moment, les poignées passagers sont insaisissables (ce peut être
un avantage pour nous messieurs, elles peuvent s'accrocher aux nôtres),
le froid sur les pieds et les remontées de chaleur provenant du pot
d'échappement (pourtant pas désagréable en cette saison). En résumé
beaucoup de plaisir sur les performances moteur et cycle mais un
confort limité pour le passager.
Bon on se retrouve demain pour la Fazer.
Qu'est ce que vous faites encore debout à me lire à cette heure ? Allez, zou, au lit !
Edit modo :
Modif titre & rajout photo
Tchuck