Alors ze test of the Fazer !
Jeudi après-midi, 14h30, il fait beau, les oiseaux chantent.
Plus pour longtemps, la machine à full barouf va se lancer.
Mon concessionnaire potentiel m'attend pour l'essai de la Yamaha FZ6
Fazer S2. Il est tout sourire et comme la dernière fois, il me passe
une moto d'occasion qu'il a en dépôt vente, une version complètement
carénée avec liseré bleu sur les jantes et pots Léo Vince.
La machine est imposante, à côté la XJ6 d'hier paraît riquiqui pouss pouss !
Malgré tout, ce n'est pas ce qui va m'empêcher de l'essayer, je déplie
mes grandes pattes et me voilà fier chevalier sur ma pouliche bleue.
Contact et là je me pose une question. As t'il bien compris que je n'ai que le permis moto ?
Là j'ai l'impression d'être assis sur un avion, quel bruit
épouvantable, suis je à la concession Airbus ? L'absence d'hôtesses et
de rafraichissements me ramène à l'évidence.
Quand il faut y aller, il faut y aller, je démarre sur des oeufs, on
m'a tellement vanté les 23 chevaux supplémentaires que j'ai peur de
glisser sur leur purin.
La moto en soi, tant qu'on est à 20 km/h, ça va mais le bruit mes amis !
Je ne sais pas qui sont ces Léo et Vince mais je suppose qu'ils
devaient jouer de la grosse caisse dans l'harmonie municipale de leur
village.
Du coup, moi qui suis un garçon discret, j'en suis presque à m'excuser
auprès de chaque personne croisée, c'est pas ma faute, c'est pas ma
moto !
Pour fuir ma honte, j'accélère un peu et là c'est pire, s'il n'était
pas 14h45, j'aurais réveillé tout le département, les oiseaux essaient
de lutter et se pètent les cordes vocales, les vieux ronchons
ronchonnent, les cardiaques se meurent, les sourds sonotonent, les
mères serrent leurs enfants contre elles et les Parkinsoniens s'en
foutent, ils ont l'habitude.
Hop direction la rocade, toute l'écurie va pouvoir se montrer mais là
rien, enfin quand je dis rien, si, ça pousse bien, mais je ne vois pas
la différence avec la XJ6. J'ai envie de chanter "Ou sont les chevaux
?" de notre regretté Patrick Juvet. Comment ça, il n'est pas mort !
Désolé.
Alors là je dis attention, vol de bourrins à d'autres époques et sous d'autres cieux, c'était la pendaison assurée.
Suis je sot ? J'avais pourtant appris la fiche technique par coeur
(oui, ça me manque d'apprendre des fiches depuis la fin du permis).
98 chevaux mais à 12 000 Trs/Mn et mon problème, c'est que je ne roule
jamais à ce régime. D'ailleurs je refuse de faire régime tout court.
Non moi, c'est plutôt du 4-5000 de père de famille, genre moulin à
café. Au dessus, j'ai le tournis.
Alors, évidemment dans ces conditions, difficile d'apprécier la
Fazer.Bon passons là dessus, je force ma nature et je maintiens la
première au delà de mes habitudes. Effectivement à 8000, c'est la
charge de cavalerie, Little Big Horn, les brins d'herbe roussissent sur
mon passage, un peu exclusif tout ça.
Direction la "grande" ville, c'est pas mieux, je jongle avec les
rapports comme une secrétaire de rédaction un soir de bouclage. Faut
dire qu'il y en a marre de tous ces peigne zizis qui roulent à 50 comme
un seul homme.
On dirait qu'ils obéissent à une sorte de code non écrit dont je n'ai pas connaissance.
La Fazer hoquette de trop de ferveur retenue, je rétrograde mais les
indigènes surpris d'entendre un Airbus qui surgit sur leur gauche se
terrent sur leur tapis de sol et ralentissent plus encore. Je ne m'en
sors pas donc je décide d'aller chercher mon alliée, ma mie, ma soeur
de la vie et direction la campagne.
Nous nous engageons dans le Pays d'Othe, charmant petit coin situé près
de mon nid et que j'ai déjà eu l'occasion de subir lors d'une leçon de
conduite. Une succession de virages montants et descendants en sous
bois dont certains sont gravillonnés, ça s'appelle du masochisme.
J'attaque fièrement à 90 km/h mais dès le premier virage, les noyaux me
montent dans l'estomac, j'enclenche le mode super lopette et tente
d'arrêter un des quatre réacteurs, peine perdue, aucun commodo n'est
dévolu à cette fonction sur mon guidon. Que faire ? Ma passagère est
une violente qui ne recule devant rien alors je ralentis sans en avoir
l'air en sifflotant sous mon casque, je rétrograde parfois en lui
montrant du bout du doigt un site intéressant à l'horizon, la sueur
perle sur mon front mais elle semble n'avoir rien remarqué.
Je m'incline dans les virages pour donner l'impression de la vitesse
mais à ce rythme, c'est un coup à tomber sur le côté. Au loin
l'agglomération troyenne sous un gros nuage gris qui ne présage rien de
bon, nous descendons de nos hauteurs à la vitesse d'un contrôleur
fiscal sur un compte en Suisse.
Je suis frigorifié et j'ai hâte de rentrer, il est vrai que ce charmant
blouson ventilé et les petits gants de motocross si seyants cet été
commencent à avouer leurs limites.
Enfin la concession, je stationne la Fazer soigneusement sous l'oeil attentif du concessionnaire. "Alors c'était bien !"
Comment ???? J'essaie de récupérer un peu de cette audition qui faisait
autrefois ma fierté mais là je suis bon pour l'asile de vieux.
"Super moto !!!" réponds je (non je ne suis pas hypocrite, j'essaie
simplement de ne pas vexer les gens) et vous avez la même en version O
dB ?
Ah oui, c'est vrai qu'elle fait un beau bruit ! (doux euphémisme).
Heureusement que vous ne l'avez pas testée avec ces silencieux
d'origine, elle fait moins de bruit qu'une XJ6.
Grrrrrrr, Grrrrrrrr, je réprime les mouvements de mes machoires qui se tendent vers sa carotide.
En tout cas, merci pour cet essai, je vais réfléchir en attendant l'arrivée de la XJ6 F.
Pour moi, la messe est dite, ce bruit infernal m'a gâché l'essai. Pour
le peu que j'ai pu en juger, c'est une moto nerveuse et puissante, son
volume est valorisant, son freinage efficace mais son fonctionnement
n'est pas assez linéaire pour moi et vous ai je parlé du bruit ?
Quant à ma femme, elle a vraiment apprécié la qualité de la selle et la
prise en mains des poignées passagers. Pour le reste, c'est une grande
malade qui se contente de lever le pouce chaque fois que nous passons
le mur du son.
Edit modo :
Modif titre & rajout photo
Tchuck