Un ado fauché par une voiture folleLe jeune garçon n’a pu éviter le véhicule qui l’a heurté violemment. Hier, ses amis se sont rassemblés sur les lieux du drame, le cœur gros
Les jeunes rassemblés sur les lieux du drame étaient encore sous le choc, hier, à Ville-sous-la-Ferté près de Bar-sur-Aube. Accompagnés de leurs parents, ils ressassaient le drame dont a été victime leur ami Melvin, le jour de ses 15 ans.
Dans la nuit de vendredi à samedi, un groupe de jeunes se rassemble, comme souvent, à l'angle d'une maison située rue de l'Aube, à deux pas de la mairie. Un peu avant deux heures du matin, l'un d'entre eux, Nicolas, 27 ans, s'assoit au volant de la Fiat Punto garée devant le monument aux morts de la commune.
Les clés sont sur le contact, il démarre, alors même que l'un des jeunes, qui n'est pas le proprétaire du véhicule, est assis à la place du passager.
Trois jeunes s'écartent à tempsSous l'emprise de l'alcool, il fonce à toute allure dans les rues de la commune. Lorsqu'il descend la rue de Seilly, pour retourner vers ses camarades, il va vite, beaucoup trop vite : « J'ai entendu le passager qui lui hurlait de ralentir », raconte une jeune fille présente au moment du drame.
À trente mètres du stop qui donne sur la départementale 396, le conducteur commence à freiner mais il est déjà trop tard. Il perd le contrôle du véhicule qui va s'encastrer à l'endroit même où ses camarades sont rassemblés.
Quatre d'entre eux discutent encore à l'angle de la rue. Trois parviennent à s'écarter juste à temps, pas Melvin, qui est dos à la voiture. L'adolescent va faire les frais de l'inconscience de son aîné. Piégé entre le mur de la maison et le véhicule, il est grièvement blessé aux jambes et au bassin.
Héliporté au CHU de ReimsAlertés par les jeunes et les voisins, les services de secours arrivent rapidement sur les lieux. Six véhicules de secours et d'assistance aux victimes, prennent en charge l'adolescent, ainsi que le conducteur et le passager, touchés au visage.
« C'est vraiment terrible, souffle Gilles Noel, maire de la commune, abasourdi par la nuit qu'il vient de vivre. Et cela aurait pu être encore plus tragique. » Transporté à l'hôpital de Troyes, Melvin a été héliporté au CHU de Reims, hier après-midi. Son pronostic vital était engagé hier soir.
« Cela aurait dû être une super-journée pour lui, et au lieu de ça… », soupire un de ses amis, le cœur gros. Depuis samedi, 2 h, le temps s'est arrêté à
Ville-sous-la-Ferté.
Après la mort de Melvin, c'est un village entier qui pleurePour sa maman, à 15 ans, Melvin commençait à peine à découvrir la vie
Melvin n'avait que 15 ans. Samedi, il a été fauché par une voiture. Aujourd'hui, c'est le village tout entier qui le pleure
Sous l'Abribus, des fleurs ont été déposées et des bougies allumées, illuminant faiblement le visage poupin de Melvin décédé tragiquement samedi matin sous les roues d'une voiture folle (lire plus loin). Hier soir encore, la tristesse ne retombait pas dans la commune de Ville-sous-la-Ferté. « Il y a une chape de plomb sur le village. L'événement est sur toutes les lèvres, dans tous les regards », soupire le maire Gilles Noël.
Tristesse, incompréhension, révolte. Comment perdre la vie si jeune ? Melvin était au début de la sienne. Il avait emménagé avec sa mère dans l'un des six nouveaux pavillons, il y a plus d'un an.
Mais hier soir, plus aucun rire ne raisonnait dans la maisonnée. Autour de la table sur laquelle a été dressée une nappe noire, les parents, oncles et tantes de Melvin ont du mal à contenir leurs larmes. Assis sur le canapé, demi-frères, cousins et amis regardent dans le vide. La famille recomposée est plus que jamais soudée.
Comme une prémonition, l'intérieur de la maison est noir et blanc. Seule note de couleur sur le buffet de la salle à manger, un petit nounours bleu de l'OM. Melvin aimait jouer au foot avec les jeunes du village. Grand et costaud, il aimait aussi faire du vélo et rêvait
d'une moto. Scolarisé en quatrième Segpa au collège de Bar-sur-Aube, il se destinait à devenir maçon… ou plombier.
Croquer la vieDe l'avis de tous, c'était « un bon gamin » et un « beau gamin ». Il devait justement se faire retirer l'appareil dentaire qui lui cerclait les dents depuis deux ans, samedi matin. Pour croquer la vie. Il s'en réjouissait et l'avait dit à tout le monde. Melvin commençait sa vie de jeune homme, à avoir « des petites chéries » comme dit sa mère, affectueusement. « C'était mon bébé… même s'il avait quinze ans, il était toujours mon bébé. »
Samedi soir, Melvin fêtait son anniversaire. Exceptionnellement, il avait eu la permission de revenir un peu tard à la maison. Mais à 2 h du matin, le drame est arrivé. Effroyable. Conscient de son terrible état quelques minutes après l'accident puis plongé dans un coma artificiel, il aura lutté courageusement. Atrocement mutilé, il a succombé quelques heures plus tard.
Comme un douloureux soulagement pour la famille face au destin brisé du jeune homme, dans tous les cas. « Il n'aura eu quinze ans que deux heures », s'effondre sa maman.
Source :
L'Est Eclair 31 octobre et 2 novembre 2010